The National Times - A Chypre, participation élevée pour un scrutin présidentiel serré

A Chypre, participation élevée pour un scrutin présidentiel serré


A Chypre, participation élevée pour un scrutin présidentiel serré
A Chypre, participation élevée pour un scrutin présidentiel serré / Photo: © AFP

Les Chypriotes ont voté nombreux dimanche lors d'un scrutin présidentiel serré, préoccupés par les scandales de corruption et l'inflation galopante sur leur île divisée depuis près d'un demi-siècle.

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Selon les sondages à la sortie des bureaux de vote publiés par plusieurs médias chypriotes grecs, le diplomate Nikos Christodoulides arriverait en tête mais sans majorité absolue, et un second tour devrait se tenir le 12 février.

La participation a atteint environ 72%, légèrement plus élevée que lors de la dernière élection présidentielle en 2018, selon les premiers chiffres officiels publiés après la fermeture des bureaux à 18H00 (16H00 GMT).

Les quelque 561.000 électeurs chypriotes-grecs avaient le choix entre 14 candidats pour succéder au président de droite Nicos Anastasiades, âgé de 76 ans.

Donné favori, Nikos Christodoulides, 49 ans, ministre des Affaires étrangères entre 2018 et 2022, aurait plusieurs points d'avance sur ses rivaux Andreas Mavroyiannis, 66 ans, soutenu par le parti communiste Akel, et Averof Neofytou, 61 ans, leader du parti conservateur Disy.

Ces deux derniers sont coude-à-coude, selon plusieurs sondages.

Membre de l'Union européenne depuis 2004, Chypre est divisée depuis l'invasion turque en 1974 du tiers nord de l'île, en réponse à un coup d'Etat de nationalistes chypriotes-grecs qui souhaitaient rattacher le pays à la Grèce. Les pourparlers sur la réunification sont au point mort depuis 2017.

La République de Chypre n'exerce son autorité que sur la partie sud de l'île, séparée par la Ligne verte, une zone démilitarisée contrôlée par l'ONU, de la République turque de Chypre-Nord (RTCN), autoproclamée et reconnue seulement par Ankara, où vivent les Chypriotes-turcs.

"Ce n'est que par l'unité (...) que nous pourrons vraiment répondre aux attentes du peuple chypriote", a déclaré M. Christodoulides, après avoir voté.

Soutenu par les partis centristes, il se présente comme un candidat "indépendant".

Andreas Mavroyiannis, 66 ans, est également un diplomate, ancien chef négociateur dans les pourparlers sur la réunification (2013-2022).

Pour Hubert Faustmann, professeur de politique et d'histoire à l'Université de Nicosie, il s'agit d'un scrutin "étrange" où "les trois favoris sont liés à l'actuel président".

- "La vie plus chère" -

Premier défi pour le futur dirigeant: l'inflation, qui a atteint 10,9% en 2022. Malgré un ralentissement en janvier, à 7,1%, la hausse des prix, notamment de l'énergie et de la nourriture, reste en tête des préoccupations et le pays a connu fin janvier une grève générale.

Andreas Maliapis, un douanier de 29 ans, ne cachait pas son inquiétude. "Nous vivons une période difficile entre (la pandémie de) Covid et la guerre en Ukraine", soupire-t-il. "La vie est devenue plus chère pour moi ces trois dernières années."

La lutte contre la corruption a dominé aussi le débat, notamment après le scandale des "passeports en or", dispositif qui a dû être annulé en raison d'allégations de corruption, entachant l'image du gouvernement de M. Anastasiades.

"La corruption est au coeur du débat, comme l'économie et la vie quotidienne. Le problème de Chypre (la division de l'île) est un sujet secondaire", estime Giorgos Kentas, professeur à l'Université de Nicosie.

- Pourparlers à l'arrêt -

L'afflux de migrants est un autre sujet sensible sur cette île de l'est de la Méditerranée. Les autorités affirment que 6% des 915.000 personnes vivant dans le sud de l'île sont des demandeurs d'asile.

Nicosie reproche à Ankara d'orchestrer une bonne partie de l'arrivée des réfugiés syriens et de migrants africains via la Ligne verte.

Le futur président sera justement appelé à relancer les pourparlers de paix. Sur ce dossier, M. Christodoulides est considéré comme un "faucon" et souhaite que l'UE isole la Turquie.

M. Neofytou est vu comme un pragmatique, tandis que M. Mavroyiannis a assoupli sa position pour être en accord avec la ligne du parti Akel.

Le processus diplomatique parrainé par l'ONU achoppe notamment sur la présence de 40.000 soldats turcs en RTCN.

E.Reid--TNT