Retraites: vers un jeudi de grèves et de "galère"
Un jeudi de grèves et manifestations, de "galère" pour les usagers: à deux jours du coup d'envoi de la mobilisation contre la réforme des retraites, le voile va se lever sur l'ampleur des perturbations attendues dans plusieurs secteurs clés, en premier lieu les transports et l'éducation.
"École fermée le 19 janvier": à Marseille comme ailleurs, des pancartes ont commencé à apparaître sur les portails. "Toute l'équipe enseignante sera en grève", précise l'une d'elles.
Preuve que la réforme des retraites, qui vise à relever l'âge légal de départ à 64 ans, "est une préoccupation majeure" pour les enseignants, estime Virginie Akliouat, responsable du syndicat Snuipp-FSU dans les Bouches-du-Rhône.
Quant à la tendance pour jeudi, elle devrait être connue à la mi-journée, puisque les professeurs des écoles doivent déclarer leur intention de cesser le travail au moins 48 heures auparavant - obligation qui n'existe pas dans les collèges et lycées. Des blocages d'établissements par des lycéens sont à prévoir.
Même délai de prévenance à la RATP et à la SNCF, dont les prévisions de trafic seront annoncées vers 17H00. "Ce sera un jeudi de galère, (...) de fortes perturbations", a anticipé sur France 2 le ministre délégué chargé des Transports, Clément Beaune, qui invite au "télétravail quand c'est possible".
Les syndicats des transports parisiens sont d'autant plus remontés que le gouvernement veut supprimer, à terme, leur régime spécial de retraite, comme il l'a déjà fait pour les cheminots.
- Salariés "très remontés" -
Le scénario d'un mouvement reconductible se dessine dans le secteur de l'énergie, où "des baisses de production d'électricité" sont à prévoir, a prévenu le leader de la FNME-CGT Sébastien Menesplier, évoquant de possibles "coupures" visant les élus "qui soutiennent la réforme".
Une montée en puissance se profile aussi dans les raffineries, avec des préavis de 24 heures jeudi, puis 48 heures la semaine prochaine et 72 heures début février. Au dépôt TotalEnergies de Dunkerque "les salariés sont très remontés" contre la réforme, affirme le secrétaire CGT Benjamin Salvino, qui table sur une activité presque à l'arrêt jeudi, mais sans conséquence immédiate dans les stations-services.
Des pénuries un peu plus nombreuses que d'ordinaire étaient toutefois observées en ce début de semaine, signe d'une possible peur de manquer chez certains automobilistes.
Le ministre du Travail, Olivier Dussopt, a souhaité que la mobilisation "ne se traduise pas par un blocage du pays". Des propos tenus sur l'audiovisuel public, dont les programmes devraient être largement perturbés jeudi.
Pourquoi l'exécutif "n'ouvre-t-il pas un grand débat de six mois conclu par un référendum ? C'est ça, éviter le blocage du pays", a rétorqué le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, sur France Inter.
Autre opposant de gauche à la réforme, le patron des députés socialistes, Boris Vallaud, a dit sur Public Sénat espérer "qu'il y aura de la part du gouvernement une écoute et un recul".
A droite de l'échiquier politique, le président des LR, Eric Ciotti, a lui formé le voeu d'une mobilisation sans "dérapage", "dans le calme", tout en redisant sur BFMTV/RMC son souhait de "pouvoir voter" une réforme "nécessaire".
Les syndicats unis, eux, se préparent à l'épreuve de force, en espérant "des millions" de grévistes et de manifestants.
"Hier nous avons fait le tour de nos 104 unions départementales (...). Il y a très longtemps que nous n'avons pas eu une telle mobilisation", a relevé sur RFI le secrétaire général de FO, Frédéric Souillot.
La pétition lancée la semaine dernière par les huit principales organisations de salariés filait mardi matin vers les 450.000 signataires refusant une "réforme injuste et brutale". Des mots repris sur RTL par le président du RN, Jordan Bardella, qui dénonce un projet "d'un cynisme inouï, parce que les efforts sont injustement répartis".
F.Hughes--TNT