The National Times - Retraites: les syndicats unis mais jusqu'à quand?

Retraites: les syndicats unis mais jusqu'à quand?


Retraites: les syndicats unis mais jusqu'à quand?
Retraites: les syndicats unis mais jusqu'à quand? / Photo: © AFP/Archives

Les huit principaux syndicats français devraient décider mardi d'une première date de grève et de manifestation pour protester contre la réforme des retraites, un front syndical inédit depuis 12 ans dont la solidité est une des principales inconnues de la bataille qui s'annonce.

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Les numéros un de ces huit organisations (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, Solidaires, FSU) et cinq organisations de jeunesse se retrouveront à la Bourse du travail à Paris à 19H15.

Deux dates sont évoquées pour lancer la mobilisation: le 19 ou le 24 janvier.

"La première date pourrait être courant de la troisième semaine de janvier", a confié à l'AFP Céline Verzeletti, secrétaire confédérale CGT. "L'objectif est bien de démarrer le plus vite possible, car nous savons que le gouvernement souhaitera aller très vite en escamotant au passage le débat nécessaire au Parlement".

Plusieurs sources syndicales soulignent l'intérêt de "dégainer" avant La France insoumise, qui prévoit de manifester le samedi 21. "C’est aux organisations syndicales de donner le la et le coup d’envoi de la mobilisation", a affirmé le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, au Parisien samedi.

L'intersyndicale se réunit depuis juin à intervalles réguliers, soucieuse d'afficher son unité à l'approche de la réforme cardinale du président de la République, qui prévoit de repousser l'âge légal de départ à la retraite, a priori à 64 ans.

Une unité syndicale inédite depuis 12 ans et la mobilisation contre la réforme portée par Eric Woerth, qui avait relevé cet âge légal de 60 à 62 ans.

- "Pas de deal" -

Cette unité est l'une des clés de la réussite des mobilisations, a relevé le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, dans une interview à l'AEF. Elle "constitue un élément de confiance pour les salariés" et "incite les salariés et les agents à se mobiliser massivement", a-t-il fait valoir.

Jusqu'à quand durera-t-elle ? Instruits par l'expérience, des responsables syndicaux soupçonnent les syndicats "réformistes", au premier rang desquels la CFDT, de vouloir assez vite s'extraire d'une mobilisation dans la rue avec laquelle ils sont peu à l'aise.

Laurent Berger a voulu couper court à cette petite musique, dans Le Parisien: "Il faut que ce soit clair, même avec des mesures positives sur les carrières longues ou la pénibilité, on reste opposé à la réforme avec une mesure d'âge. Il n'y aura pas de deal avec la CFDT", a-t-il martelé.

Interrogé par l'AFP, l'historien spécialiste du syndicalisme Stéphane Sirot note que la CFDT est "très légaliste", et que la conclusion d'un accord au Parlement, avec la droite, risque d'avoir un "impact (...) sur la mobilisation syndicale". "On l’avait vu lors du mouvement de 2010: lorsque la loi avait été votée, la CFDT avait reconnu qu’il était désormais temps d’arrêter les journées de mobilisation", a-t-il rappelé.

"On n'est pas à contre-emploi. On a toujours dit que la manifestation était le dernier recours", a affirmé à l'AFP Cyril Chabanier de la CFTC, reconnaissant toutefois que son syndicat pourrait "arrêter plus tôt" de manifester si le gouvernement améliore son projet.

A gauche du spectre syndical, des responsables imaginent la mobilisation en deux temps, avec l'organisation de deux voire trois grandes journées de mobilisation avant les vacances de février, puis l'installation dans un mouvement "plus dur" début mars.

Quoiqu'il en soit, la réussite ou non du mouvement sera "une forme d'épreuve de vérité pour les syndicats", relève Stéphane Sirot. "S'ils perdent encore cette bataille là, s'ils n'obtiennent rien sur la question des retraites, ça va être compliqué pour eux de gérer l'après".

Pour l'ancien secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, interrogé mardi par l'AFP, "tous les ingrédients sont réunis pour que la mobilisation soit très forte. D'abord parce que le principe même de cette réforme est rejeté par une grande majorité de la population (...) Ensuite parce qu'on assiste à une unité syndicale peu commune qui laisse penser que les syndicats peuvent remporter ce combat".

T.Bennett--TNT

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