Wall Street termine en berne avant l'emploi américain
La Bourse de New York a terminé en berne jeudi après des signes avant-coureurs d'un marché de l'emploi américain qui pourrait s'avérer trop solide aux yeux de la banque centrale américaine, préoccupée par l'inflation.
Alors que les chiffres officiels de l'emploi pour décembre seront publiés vendredi, l'indice Dow Jones a reculé de 1,02% à 32.930,08 points, le Nasdaq de 1,47% à 10.305,24 points et l'indice élargi S&P 500 de 1,16% à 3.808,10 points.
Les employeurs du secteur privé américain ont embauché bien plus qu'attendu avec 235.000 créations de postes au lieu des 153.000 prévus, selon l'enquête mensuelle d'ADP publiée jeudi.
Le marché du travail reste donc apparemment très dynamique ce qui ne va pas dans le sens d'un tassement des salaires, donc de l'inflation.
"L'enquête d'ADP est ressortie avec des chiffres plus forts qu'attendu le mois dernier, d'autant plus qu'elle a eu tendance à sous-estimer les embauches les six derniers mois: voilà pourquoi les investisseurs craignent que le marché du travail n'aille pas dans la direction souhaitée par la Fed", a indiqué à l'AFP Jack Ablin de Cresset.
Les analystes prévoient que le département du travail comptabilise pour décembre 210.000 créations d'emplois après 265.000 en novembre. Le taux de chômage devrait rester stable à 3,7%, selon le consensus de Briefing.com.
"Peut-être ces estimations sont-elles trop optimistes, si on se place du point de vue de la Fed qui est soucieuse de combattre l'inflation", a ajouté l'analyste.
"Nous nous retrouvons à nouveau dans le cas où des bonnes nouvelles apparaissent comme des mauvaises nouvelles", a-t-il résumé évoquant les créations d'emplois qui sont une bonne chose pour les travailleurs mais un mauvais point pour la hausse des prix.
L'expert soulignait que le marché de l'emploi est le seul secteur jusqu'ici qui n'ait guère souffert de la politique monétaire plus sévère de la Fed, qui renchérit le coût de l'argent.
La Bourse "reste nerveuse, se demandant pendant combien de temps la Fed va ainsi conserver une stricte politique monétaire", ont ajouté les analystes de Schwab.
Neuf secteurs sur les onze du S&P ont terminé dans le rouge, menés par le secteur immobilier (-2,78%), très sensibles aux taux d'intérêt.
A la cote, le titre du géant de la distribution en ligne Amazon a fléchi de 2,37% à 83,12 dollars, son niveau plus faible depuis quatre ans.
Le groupe de Jeff Bezos, qui emploie 1,5 million de personnes dans le monde et a embauché à tour de bras depuis la pandémie, a annoncé un peu plus de 18.000 suppressions de postes, la plus forte réduction d'effectif jamais enregistrée par l'entreprise.
Le titre de la chaîne de magasins d'articles pour la maison Bed Bath and Beyond s'est écroulé de 30,83% à 32,46 dollars. L'action est au plus bas depuis trente ans alors que l'enseigne, en butte à une diminution de la fréquentation dans ses magasins et à difficultés d'inventaire, a reconnu qu'une faillite n'était pas exclue.
La chaîne de pharmacies et de drugstores Walgreens a lâché 6,13% après avoir annoncé des résultats trimestriels meilleurs que prévu en terme de vente mais plombés par une énorme provision de 3,7 milliards de dollars pour financer un accord à l'amiable qui va solder les poursuites liées à la crise des opiacés.
Des laboratoires et des distributeurs pharmaceutiques américains sont accusés d'avoir fait depuis des années la promotion d'antidouleurs aux opiacés délivrés uniquement sur ordonnance.
Sur le marché obligataire, les taux à dix ans ont légèrement progressé à 3,71% contre 3,68%.
L.Graham--TNT