Wall Street ouvre en baisse, resserrement monétaire et mauvaises nouvelles d'entreprises inquiètent
La Bourse de New York a ouvert en baisse jeudi, incapable de prolonger le rebond entamé mardi, le marché étant toujours préoccupé par la poursuite du resserrement monétaire et échaudé par de mauvaises nouvelles d'entreprises.
Vers 15H10 GMT, le Dow Jones cédait 1,18%, l'indice Nasdaq lâchait 2,15% et l'indice élargi S&P 500 abandonnait 1,50%.
"On est toujours dans un marché orienté à la baisse", a commenté Adam Sarhan, de 50 Park Investments. Wall Street "a besoin d'un catalyseur qui le tirerait vers le haut, mais il ne sait pas où le trouver".
Pour Patrick O'Hare, de Briefing.com, la place new-yorkaise a mal vécu la révision à la hausse de l'estimation de croissance américaine pour le troisième trimestre, à 3,2% en rythme annualisé contre 2,9% précédemment, alors que les économistes attendaient un statu quo.
"Cela alimente les inquiétudes quant au resserrement monétaire de la Fed" (banque centrale américaine), qui pourrait se poursuivre, a expliqué l'analyste, dans une note.
Wall Street a aussi été désagréablement surprise par plusieurs communications de sociétés, qui ont fait état d'une dégradation de la conjoncture économique.
Parmi eux figurent la réseau de vente de voitures d'occasion CarMax (-8,05% à 54,59 dollars), qui fait face à une décélération du secteur et a publié des résultats inférieurs aux attentes.
Le fabricant de semi-conducteurs Micron (-3,96% à 49,17 dollars) a lui aussi annoncé mercredi des résultats inférieurs aux attentes, avec un chiffre d'affaires en repli de 38% et une perte nette.
Le groupe souffre d'un ralentissement de la demande de puces électroniques, en particulier pour les smartphones, et prévoit de réduire ses effectifs de 10% environ en 2023.
Les annonces de plans d'économies se multiplient, à l'instar de celui du groupe de messagerie FedEx, qui a annoncé mardi de nouvelles mesures de réductions de coûts à hauteur d'un milliard de dollars en année pleine.
Selon le Wall Street Journal, le géant américain de l'agroalimentaire Tyson Foods s'apprête également à supprimer des centaines de postes avec la fermeture de deux sites.
"Les gens sont anxieux car ils commencent à voir de plus en plus de suppressions d'emplois, alors que l'inflation est toujours très élevée et que la Fed continue à remonter ses taux", avance Adam Sarhan. "Il n'y a pas beaucoup de positif, pas beaucoup d'espoir" sur le marché en ce moment.
Le discours pessimiste de Micron jetait un froid sur tout le secteur de la technologie. Parmi les titres les plus touchés, le fabricant de cartes graphiques Nvidia (-5,55%), Microsoft (-2,75%) et Meta (-2,54%).
Au diapason, Tesla reprenait sa glissade (-3,34% à 132,98 dollars). L'action du constructeur de véhicules électriques est tombée jeudi à son plus bas niveau depuis plus de deux ans. Du fait de la fonte du cours, la fortune d'Elon Musk, son patron et principal actionnaire, a été quasiment divisée par deux depuis le début de l'année.
La chaîne de salles de cinéma AMC (-14,33% à 4,54%) dégringolait après avoir dévoilé, jeudi avant Bourse, une augmentation de capital de 110 millions de dollars entièrement souscrite par la société d'investissement Antara Capital. Cette dernière a également accepté de convertir en actions 100 millions de dollars de titres de dette AMC qu'elle détenait déjà.
L'opération va entraîner une dilution importante des actionnaires existants, d'où la chute du titre, chouchou de nombreux investisseurs individuels.
Les compagnies aériennes souffraient de l'arrivée d'une tempête hivernale qui devait toucher la majeure partie du territoire américain, en particulier le centre-nord, en pleine période de grands déplacements pour les fêtes.
Des centaines de vols ont déjà été annulés jeudi, en particulier en provenance ou à destination des deux aéroports de Chicago (Illinois) et de celui de Denver (Colorado), selon le site spécialisé FlightAware.
Delta (-1,43%), Southwest (-1,49%), United Airlines (-2,00%) ou encore American Airlines (-2,76%) évoluaient ainsi tous dans le rouge.
Le groupe métallurgique Cleveland-Cliffs bondissait (+10,91% à 16,78 dollars) après avoir indiqué que les prix déjà négociés pour son acier à produire en 2023 étaient supérieurs à ceux de 2022.
E.Cox--TNT