Grève dans les trains: la SNCF s'excuse et rembourse, le gouvernement tance les grévistes
Quelque 200.000 voyageurs cherchaient mercredi à retrouver un billet pour Noël après la suppression de leurs trains en raison d'une nouvelle grève des contrôleurs, vertement critiqués par la SNCF et le gouvernement pour ne pas se satisfaire des 12% d'augmentation de salaire accordée en deux ans.
Seulement deux trains sur trois rouleront ce week-end. Les annulations concernent presque exclusivement des TGV, les Intercités étant globalement épargnés. Vendredi, dans le détail, deux TGV sur trois devraient circuler sur les axes Atlantique et Méditerranée, un train sur deux sur l'axe Nord (la navette Paris-Lille sera quasiment normale) et trois TGV Est sur quatre. Les TGV entre gares de province seront plus touchés. Trois Ouigo sur quatre devraient aussi circuler.
Pour samedi et dimanche, il y aura sans doute un peu plus d'annulations que vendredi, a averti la SNCF, sans encore avoir confirmé les chiffres.
Les voyageurs dont le train a été supprimé pourront changer leur billet sans payer la différence de prix, répète la SNCF.
A condition de trouver une place dans un autre train.
"Tous les trains sont complets ou supprimés. Je trouve que c'est un peu rude. Je comprends les revendications mais faire grève pendant les fêtes... Pour les enfants, les familles, c'est un peu difficile", lâche une voyageuse "un petit peu énervée", Isabelle Barrier, venue gare de Lyon se faire rembourser son billet pour Toulouse.
A la place, elle voyagera vendredi, un jour plus tôt, en autocar... un trajet de huit heures.
- "Pas à Noël" -
L'attitude des contrôleurs, qui ont lancé cette grève en s'organisant sur Facebook par-dessus les syndicats, agace passablement à la direction de la SNCF, qui calcule que les hausses de salaires représentent 12% en moyenne sur deux ans.
L'an dernier, une grève avait aussi gâché le premier week-end des départs en vacances de Noël, et la compagnie ferroviaire avait pour la première fois décidé de rembourser les voyageurs le double du montant de leur billet annulé.
Le patron de SNCF Voyageurs, Christophe Fanichet, a annoncé mercredi la même mesure de remboursement à 200%. Lui qui trouvait l'an dernier "scandaleux" de faire grève pour les vacances a redit qu'il était "inacceptable" de faire grève à Noël.
"Je veux présenter les excuses de l'entreprise", a-t-il dit sur Franceinfo.
"A Noël, on ne fait pas grève", a également tempêté le porte-parole du gouvernement Olivier Véran.
"Je ne remets en cause évidemment ni le droit de grève ni le droit de salariés de manifester ou de se mobiliser mais franchement, est-ce que c'est indispensable de le faire un week-end de Noël? La réponse est non", a estimé le ministre sur France Inter.
Tout en assurant ne pas vouloir "mettre de l'huile sur le feu", il a expliqué qu'"en un peu moins de deux ans, il y aura eu près de 12% de revalorisation de salaire pour les gens qui aujourd'hui font grève".
Les contrôleurs avaient déjà fait grève le premier week-end de décembre. Depuis novembre, la SNCF peine à nouer le dialogue avec le collectif organisateur de ce mouvement. Les grévistes réclament une meilleure reconnaissance de la spécificité de leur métier et rejettent toute accointance avec les syndicats, même s'ils ont dû s'appuyer sur ces derniers pour déposer des préavis.
La direction a proposé le 8 décembre d'augmenter la "prime de travail" des chefs de bord (le nom officiel des contrôleurs) de 600 euros par an, dont une partie serait intégrée à leur salaire en 2024, ainsi qu'une indemnité supplémentaire de 600 euros bruts par an.
Des propositions jugées suffisamment satisfaisantes pour que l'Unsa-Ferroviaire retire son préavis et que la CGT et SUD-rail n'appellent pas à arrêter le travail. Des centaines de contrôleurs en ont décidé autrement.
L.Graham--TNT