Electricité: le risque de coupures de courant se réduit pour le début de l'hiver
Un risque de coupures de courant en France moins élevé que prévu: le gestionnaire du réseau de haute tension, RTE, a donné mardi des prévisions rassurantes pour janvier, en grande partie grâce aux efforts de sobriété et au redémarrage de plusieurs réacteurs nucléaires.
Le risque de tensions pour le réseau électrique en janvier apparaît désormais comme "moyen", selon la dernière analyse du gestionnaire, qui l'avait classé il y a un mois comme à risque "élevé".
"La France aborde le coeur de l’hiver dans une situation plus favorable qu’au début de l’automne", estime désormais le gestionnaire, dans l'actualisation de ses prévisions pour les quatre prochaines semaines.
"Nous avons absolument les moyens d'éviter les coupures cet hiver", a assuré Thomas Veyrenc, directeur exécutif de RTE.
"Sous réserve du maintien des efforts d’économies d’énergie, ces évolutions favorables permettent de réduire le risque pour la sécurité d’approvisionnement (...) en particulier pour le mois de janvier (...) sans pouvoir l’exclure en cas de conditions météorologiques très défavorables", souligne RTE dans son rapport.
RTE a de fait réduit le risque d’émission du signal Ecowatt rouge.
Ce signal prévient de risques de coupures ciblées à moins de réductions substantielles de la consommation d'électricité, en particulier aux heures de pointe (08H00-13H00 et 18H00-20H00). Jusqu'à début janvier, ce risque est quasi nul, et se situe pour la deuxième partie de l'hiver, "plutôt entre 0 et 3 signaux", selon M. Veyrenc, contre 0 à 5 signaux initialement attendus sur l'hiver.
Cette évolution est en grande partie due à la forte baisse de la consommation, en recul de 9% au cours des quatre dernières semaines, par rapport à 2014-2019, un chiffre corrigé des variations météo.
"Les Français ont entendu les appels sur la sobriété," s'est félicitée la Première ministre, Elisabeth Borne.
- Remontada du nucléaire -
"La baisse de la consommation électrique n'est pas une chimère, elle est réelle et mesurée, elle est répartie entre les particuliers et les entreprises et elle est significative", a commenté Thomas Veyrenc.
En outre, les stocks hydrauliques (les barrages), qui avaient souffert de la sécheresse, ont pu être "reconstitués" au cours de l'automne, tandis que les stocks de gaz ont été économisés grâce à la douceur des mois d'octobre et novembre, ce qui a décalé la période de chauffe.
Le niveau de remplissage des stocks gaziers atteint désormais 85%, un taux "supérieur aux années précédentes", souligne RTE, qui maintient toutefois "sous surveillance" la seconde partie de l’hiver, et "surtout l’hiver 2023-2024" en raison d'incertitudes sur l'approvisionnement en gaz en Europe - puisqu'il n'y aura plus de gaz russe ou presque pour remplir les réserves.
La France a également pu compter sur ses voisins européens, avec "un niveau record d’imports (d'électricité) proche de 15 GW", atteint ces dernières semaines, l'équivalent de la puissance d'une dizaine de réacteurs de dernière génération.
Cet automne et cet hiver, un nombre record de réacteurs nucléaires ont été à l'arrêt pour maintenance ou des réparations liées au problème de "corrosion sous contrainte" découverts ou soupçonnés dans des tuyauteries cruciales pour la sécurité des centrales.
Avec encore 16 réacteurs à l'arrêt sur 56 ce mardi, la production nucléaire d'EDF atteindra cette année un plus bas depuis 30 ans. Pour autant, "la remontée de la disponibilité nucléaire a eu lieu de manière conforme à nos prévisions", a souligné M. Veyrenc.
Scrutée comme le lait sur le feu, la capacité disponible du parc nucléaire a ainsi dépassé les 40 gigawatts (GW) dans la semaine du 12 décembre. Une disponibilité qui devrait atteindre 45 GW fin janvier, selon RTE, sur une capacité totale installée de 61,4 GW.
Malgré cette "remontada", les mauvaises nouvelles continuent de s'accumuler pour EDF, lourdement endetté, qui a annoncé l'arrêt en 2023 de six nouveaux réacteurs pour de longues réparations "préventives" liées à ce risque de fissures sur les circuits de secours.
Pour RTE, cela ne change en rien à son scénario hivernal 2022-2023 qui intégrait déjà des données prudentes. Et après? Même si cela restera à confirmer, "l'hiver 2023-2024 du point de vue électrique se présente de manière un peu plus favorable que cet hiver 2022-2023", indique pour l'heure M. Veyrenc.
G.Waters--TNT