Sibyle Veil reconduite pour cinq ans à la tête de Radio France
Cinq ans pour faire de Radio France un "média de conquête": en poste depuis avril 2018, Sibyle Veil a été reconduite lundi à la présidence du groupe public radiophonique avec l'ambition de l'ouvrir davantage aux plus jeunes.
"J'ai encore pleins d'idées, et surtout une immense envie de continuer cette mission", avait-elle déclaré plus tôt lundi lors de son audition à l'Arcom (ex-CSA), face à deux candidats: le journaliste Florent Chatain et Maïa Wirgin, secrétaire générale de la Cour des comptes.
A 45 ans, Mme Veil était favorite, forte d'un premier mandat marqué par des audiences record - 15,4 millions d'auditeurs quotidiens en moyenne l'an dernier - avec deux stations, France Inter et franceinfo, parmi les trois radios les plus écoutées du pays. Son nouveau mandat court jusqu'en 2028.
Dans son communiqué lundi soir, l'Arcom explique avoir "fait le choix de la poursuite des transformations engagées ces dernières années, dont les résultats en termes d’audience, de développements numériques et d’accès à la culture témoignent de la capacité d’adaptation de la société nationale de programme à son environnement et aux attentes des publics".
Cette nomination intervient toutefois dans un contexte particulier: celui de l'incertitude financière après la suppression de la redevance audiovisuelle, promesse de campagne d'Emmanuel Macron actée début août.
- "Commando anti-fakenews" -
Devant l'Arcom lundi, l'énarque qui avait rejoint le groupe en 2015, a défendu un projet intitulé "Nouvelles générations".
"Les jeunes sont porteurs des révolutions d'usage et des révolutions culturelles qui finissent par s'imposer. Ce qui veut dire que si on arrive à remporter cette bataille, on aura réussi à remporter toutes les autres", a argué la dirigeante, appelant à "continuer de bâtir un pôle audio fort au sein du service public".
Au coeur de cette stratégie, la plateforme numérique de Radio France qu'elle entend transformer en "bibliothèque audio des savoirs" gratuite et moderne, notamment en y rassemblant "les contenus audio du service public".
Une démarche entamée depuis 2020 avec Arte, France Télévisions, France Médias Monde, l'Institut national de l'audiovisuel (Ina), a précisé Mme Veil, indiquant réfléchir également avec ces trois derniers groupes publics à développer franceinfo comme "un média social".
"Avec notre alliance, nous avons la capacité d'être une véritable force de frappe, une sorte de commando anti-fakenews", a-t-elle déclaré.
"Il faut mettre le paquet sur les réseaux sociaux: aujourd'hui sur TikTok, demain sur le futur réseau que nous ne connaissons pas encore", a-t-elle poursuivi.
"Il faut aller combattre les fausses informations là où elle se multiplient sur leur terrain et pour cela (...) nous devons construire la puissance sociale de nos médias d'information", a-t-elle encore défendu, prônant "un média de conquête".
- Défiance -
"Nous avons aussi à réhabiliter auprès de toutes les générations l'impartialité, la connaissance, la science à l'ère de la subjectivité de l'opinion et des croyances", a-t-elle plaidé, proposant de "mettre à disposition de tous une université gratuite des savoirs, faites de grands cours et de grandes leçons à écouter en podcasts", à l'heure où la défiance envers les médias atteint des records.
Sur l'avenir du groupe, elle s'était déclarée fin juin opposée à l'idée d'une grande fusion dans l'audiovisuel public et avait dit vouloir connaître les projets de l'État avant de postuler à un deuxième mandat.
Issue de la même promotion à l'ENA qu'Emmanuel Macron, Mme Veil a été conseillère de Nicolas Sarkozy à l'Élysée, puis directrice de la transformation à l'AP-HP, avant d'entrer en 2015 à Radio France.
Elle a été la première femme présidente de Radio France depuis Michèle Cotta en 1981. Au cours de son premier mandat, elle s'est attelée à réduire les coûts au sein de la Maison Ronde en déployant notamment un vaste plan de suppressions de postes. Cela a entraîné un mouvement de grève historique déclenché en novembre 2019.
Elle avait prévenu les députés mi-juillet qu'"une nouvelle réduction" des crédits serait "vécue comme une contre-prime à l'effort".
Lewis--TNT