Paris, Madrid et Lisbonne réunis pour dévoiler leur projet de pipeline d'hydrogène "vert"
La France, l'Espagne et le Portugal doivent dévoiler vendredi, pour la première fois en détail, leur projet de pipeline destiné au transport d'hydrogène "vert" de la péninsule ibérique vers la France et le reste de l'Europe.
Le président français Emmanuel Macron et les chefs de gouvernement espagnol et portugais, Pedro Sánchez et Antonio Costa, se retrouvent à 11H00 locales (10H00 GMT) à Alicante, dans l'est de l'Espagne, avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, pour formaliser la feuille de route de ce projet annoncé le 20 octobre en marge d'un sommet européen.
Cette réunion se tient en amont d'un sommet des pays du Sud de l'UE (EU Med).
Ce pipeline sous-marin doit permettre d'acheminer de l'hydrogène dit "vert" -car fabriqué à partir d'électricité renouvelable- depuis la péninsule ibérique, qui ambitionne de devenir un champion de cette énergie du futur, vers la France et le nord de l'UE.
Il a été baptisé "H2Med" ou "BarMar" (contraction de Barcelone et Marseille, les deux villes reliées par ce tuyau).
Ce projet remplace le "MidCat", lancé en 2003 pour relier les réseaux gaziers français et espagnol via les Pyrénées, mais finalement abandonné en raison de son manque d'intérêt économique, de l'opposition des écologistes et de celle de Paris.
Des "pré-études" ayant été réalisées depuis fin octobre, "les ministres de l'Energie des trois pays ou leurs représentants seront là pour présenter leurs premières conclusions sur la faisabilité de l'infrastructure, son financement et un pré-planning", indique la présidence française.
- Convaincre Bruxelles -
Pensé au départ pour transporter temporairement du gaz de la péninsule ibérique vers le reste de l'UE afin de réduire la dépendance au gaz russe, le H2Med ne devrait finalement servir qu'à acheminer de l'hydrogène, selon des sources gouvernementales espagnoles et françaises.
Ce choix est nécessaire afin de convaincre Bruxelles de le déclarer "projet d'intérêt commun" et de le financer en partie sur des fonds communautaires.
Paris, Madrid et Lisbonne doivent soumettre leur dossier d'ici au 15 décembre et espèrent une réponse début 2023.
La ministre française de l'Energie, Agnès Pannier-Runacher, avait évoqué fin octobre une mise en service en 2030. Le coût de ce projet est estimé à environ 2 milliards d'euros par des sources du secteur.
Le sommet de l'EU Med, qui s'ouvrira dans l'après-midi après cette réunion sur le H2Med, sera notamment consacré aux questions de souveraineté économique, en particulier en matière d'énergie.
La Croatie, Chypre, la Grèce, l'Italie, Malte et la Slovénie sont membres de ce forum des pays du Sud de l'UE aux côtés de la France, de l'Espagne et du Portugal.
Grippée, la Première ministre italienne Giorgia Meloni a annulé sa venue et sera remplacée par son chef de la diplomatie, Antonio Tajani, a-t-on appris auprès du gouvernement italien.
Elle devait rencontrer Pedro Sánchez en marge de ce sommet, mais aucune réunion bilatérale n'avait, en revanche, été organisée avec Emmanuel Macron, selon l'Elysée.
Depuis son entrée en fonctions en octobre, les relations entre Rome et Paris ont été marquées par des tensions causées par le blocage de centaines de migrants début novembre au large de l'Italie sur des navires humanitaires.
Le gouvernement français avait alors dénoncé le "comportement inacceptable" des autorités italiennes, le jugeant "contraire au droit de la mer et à l'esprit de solidarité européenne".
Ce sommet de l'EU Med devait initialement se tenir en septembre, mais avait dû être reporté car M. Sánchez avait le Covid-19.
A.Davey--TNT