Biden, plus "optimiste" que jamais, célèbre un investissement technologique massif
"L'industrie américaine est de retour!" Le président américain Joe Biden a célébré mardi en Arizona un gigantesque investissement du groupe taïwanais TSMC dans une usine de semi-conducteurs.
"Les Etats-Unis sont une destination privilégiée pour les entreprises qui veulent investir", s'est-il félicité, sur fond de grues géantes, et avec dans l'assistance le gratin de la tech - le patron d'Apple Tim Cook, mais aussi les représentants d'entreprises moins connues du grand public mais extrêmement stratégiques comme Micron, AMD ou Nvidia.
TSMC, qui avait déjà décidé de s'implanter en Arizona, Etat du sud-ouest des Etats-Unis, en mai 2020, pendant la présidence Trump, a annoncé mardi qu'il donnait à son projet une toute autre dimension.
Il y aura deux usines au lieu d'une seule, triplant le montant de l'investissement,qui passe de 12 milliards à 40 milliards de dollars. La production est censée y démarrer d'ici à 2024 pour la première, d'ici à 2026 pour la deuxième.
Cette annonce intervient après des promesses d'investissements plus ou moins énormes de la part d'autres géants comme Micron, IBM, Intel ou encore Samsung.
"Je n'ai jamais été aussi optimiste pour les Etats-Unis", a dit Joe Biden, qui le répète à l'envi. Et le démocrate de 80 ans d'ajouter, après une courte pause: "Et cela fait un moment que je suis dans les parages."
Le président américain a fait savoir qu'il agissait "sans complexe" pour relancer l'emploi et l'industrie aux Etats-Unis.
La Maison Blanche voit dans l'annonce de TSMC le résultat direct du "CHIPS and Science Act", une loi qui prévoit près de 53 milliards de dollars pour la production et la recherche dans le secteur des puces électroniques.
Le déplacement de Joe Biden, qui entretient le suspense sur une nouvelle candidature à l'élection présidentielle, est aussi très politique.
L'Arizona, un État longtemps dominé par les républicains, est devenu un champ de bataille où les démocrates regagnent du terrain. Le président a chanté les louanges mardi de la future gouverneure Katie Hobbs, élue en novembre face à une représentante de la droite radicale soutenue par Donald Trump.
Il a aussi salué l'action de Kyrsten Sinema, sénatrice démocrate de l'Etat dont le positionnement radicalement centriste a parfois donné du fil à retordre à la Maison Blanche.
- Réduire la dépendance -
La majeure partie de l'approvisionnement des Etats-Unis en semi-conducteurs vient d'entreprises situées dans des pays alliés en Asie mais le souvenir de la pandémie, qui a bouleversé les chaînes d'approvisionnement, ainsi que les tensions géopolitiques autour de Taïwan, poussent Washington à réduire sa dépendance.
Sans compter la volonté affichée de Joe Biden d'en remontrer à la Chine sur le plan technologique.
"Pratiquement toutes les grandes entreprises technologiques, y compris les entreprises automobiles et toutes les entreprises qui utilisent des technologies, craignent que quelque chose ne se passe entre Taïwan et la Chine", note l'analyste Rob Enderle.
"Il y a donc une ruée massive pour déplacer la fabrication hors de ces deux pays", ajoute-t-il.
La construction d'un site de semi-conducteurs prend plusieurs années. Mais une fois que les deux usines de TSMC seront en activité, elles "pourraient répondre à l'ensemble de la demande américaine pour les puces les plus avancées", a estimé Ronnie Chatterji, directeur adjoint du Conseil économique national pour la politique industrielle.
Si Joe Biden est adepte d'un patriotisme économique décomplexé - ses initiatives font d'ailleurs grincer des dents parmi ses alliés européens -, il assure aborder la question différemment de son prédécesseur Donald Trump, qui avait tout misé sur des baisses d'impôts.
Balayant cette approche de "ruissellement", le démocrate s'appuie plutôt sur des dispositifs de subventions massives afin de doper les investissements privés.
Brian Deese, principal conseiller économique de Joe Biden, a toutefois assuré qu'il y avait "des conditions fortes pour les entreprises qui bénéficieront de financements", afin que l'argent public soit bien employé à des activités profitant in fine à l'économie américaine.
T.Ward--TNT