Bordeaux: des centaines de vignerons manifestent pour une prime à l'arrachage
Plusieurs centaines de vignerons, accompagnés d'une vingtaine de tracteurs, ont commencé à défiler dans Bordeaux mardi pour obtenir une prime à l'arrachage, afin de répondre à une crise de surproduction qui fait chuter les prix.
"Viticulture abandonnée, misère dans le Bordelais", "1.000 viticulteurs en moins = 10.000 chômeurs en plus", "Boire un canon, c'est sauver un vigneron", peut-on lire sur les pancartes des manifestants, accompagnés de nombreux élus et parlementaires locaux, dont ceux de la majorité.
Le collectif organisateur de la manifestation demande d'arracher au moins 15.000 hectares de vignes avec une prime de 10.000 euros.
Le plus grand vignoble AOC de France, avec ses 110.000 hectares cultivés dont 85% en rouge, est en plein marasme.
Les manifestants ont observé une minute de silence symbolique devant le CIVB, l'interprofession locale, et pendu un mannequin "Stop au suicide" sur un arbre.
Les petits producteurs reprochent à l'organisme d'insuffisamment défendre leurs intérêts.
Le CIVB défend un objectif d'arrachage moins élevé, autour de 10.000 hectares, et porte avec les pouvoirs publics une solution d'arrachage conditionnée à une reconversion agricole, dont la plupart ne veulent pas entendre parler.
"On demande un plan social car le Bordelais est à bout, il n'arrive plus à vendre son vin", a déclaré à l'AFP Didier Cousiney, à la tête du collectif organisateur de la manifestation, pour qui "l'agonie dure depuis 18 ans".
La dernière manifestation des vignerons avait eu lieu en 2004, année de surproduction mondiale qui a commencé à faire baisser les cours. Le vignoble avait alors eu recours à l'arrachage mais sur une surface limitée (3.500 hectares).
"Le prix actuel du tonneau pour le vin vendu en vrac ne couvre que 50% du coût de revient", a-t-il ajouté.
Frédéric Salagnac, vigneron à Sauveterre-de-Guyenne (73 hectares) avec ses deux filles, souffre de la fermeture du marché chinois et de l'effondrement des prix du vrac, sur fond de baisse de la consommation de vin en France (-15% depuis trois ans).
"C'était prévu qu'elles reprennent mais on ne va pas leur mettre un boulet au pied, aujourd'hui on ne vit plus de nos vignes", affirme-t-il. "Depuis trois ans, c'est l'enfer, on est au bout du rouleau."
R.T.Gilbert--TNT