
Prisons visées par des dégradations: "nuit calme", pas de piste privilégiée par les enquêteurs

Les investigations se poursuivent dans l'enquête antiterroriste sur des attaques de prisons: après une "nuit calme", le parquet ne privilégie jeudi aucune piste à ce stade, mais celle du narcobanditisme reste mise en avant au sein de l'exécutif.
Le procureur de la République antiterroriste a indiqué jeudi matin qu'il n'y avait, pour le moment, "pas de piste qui soit privilégiée" dans cette enquête sur les attaques ayant visé des prisons en France lors de trois nuits consécutives, de dimanche soir à mercredi matin.
Les enquêteurs devraient avoir "les premiers résultats, dans les prochaines heures et jours qui viennent", de multiples "expertises techniques, notamment les retours d'expertise ADN", a précisé Olivier Christen sur France info.
"A partir de cela, des pistes seront privilégiées mais au moment où nous nous parlons, ce serait une erreur de fermer l'une ou l’autre des voies", a insisté le procureur.
Au sein de l'exécutif, des analyses sont pourtant déjà avancées.
"L'intime conviction qu'un certain nombre de nos agents du ministère de l'Intérieur ont, c'est plutôt la piste du +narcoracaille+, du narcotrafic", a déclaré sur RTL le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, évoquant des "pieds nickelés".
Même "sentiment personnel" pour Cédric Logelin, porte-parole du ministère de la Justice, qui a dit sur BFMTV voir dans ces actions des "mesures de représailles".
- "Terrorisme par intimidation" -
Pendant trois nuits, plus d'une dizaine de faits ont été recensés, selon M. Christen.
"Deux contre des domiciles personnels d'agents de l'administration pénitentiaire", une attaque conduite "sur des véhicules dans les parkings de l'Ecole nationale de l’administration pénitentiaire" mais aussi "neuf directement, contre des établissements pénitentiaires et également, une fois, contre un établissement de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ)".
Parmi ces attaques, "deux faits plus lourds ont été commis avec des armes à feu" à Toulon à Aix-Luynes, sans faire de victime.
"Ce sont huit départements touchés en tout", avec "un tiers des faits commis dans les Bouches-du-Rhône et un tiers en Île-de-France".
Le parquet national antiterroriste s'est saisi de cette "opération concertée" derrière laquelle "pourrait être retenue" la qualification de "terrorisme par intimidation", explique M. Christen.
Le but "est de faire pression sur la population ou sur les pouvoirs publics pour qu'ils fassent, ou ne fassent pas, quelque chose".
Les enquêteurs, notamment ceux de la Sous-direction antiterroriste (Sdat) de la police judiciaire, doivent encore identifier "les auteurs", "les personnes qui coordonnent les actions" et "le ou les commanditaires".
"Il n'y a pas d'arrestation au moment où nous parlons, et encore une fois, pas de ciblage de profil spécifique", a assuré le procureur.
"A ma connaissance", dans la nuit de mercredi à jeudi, "il n'y a pas eu de fait commis de la même nature" que ceux faisant l'objet des investigations, a aussi précisé M. Christen. "C'était une nuit calme", a aussi relevé M. Retailleau.
Ce dernier a, avec le ministre de la Justice Gérald Darmanin, envoyé jeudi des consignes aux préfets, au préfet de police et au directeur de l'administration pénitentiaire, pour renforcer la sécurisation des prisons.
Dans un télégramme dont l'AFP a eu connaissance, ils demandent à la police et la gendarmerie d'"organiser des patrouilles dynamiques" aux abords des établissements, et aux services de renseignement de faire une "veille renforcée des réseaux sociaux". Ils demandent aussi des travaux de sécurisation des parkings et enceintes des prisons.
En outre, le garde des Sceaux a adressé une circulaire aux parquets, appelant à une "mobilisation sans faille" et une "réponse ferme et rapide". En cas de faits visant établissements ou agents pénitentiaires, il est demandé aux procureurs d'informer immédiatement le parquet antiterroriste "afin que celui-ci apprécie s'il entend se saisir des faits".
Dans la plupart des actions recensées depuis dimanche, de mystérieuses inscriptions "DDPF", apparemment pour "défense des droits des prisonniers français", ont été retrouvées.
Le groupe Telegram à ce nom a été fermé "à la demande de l'autorité judiciaire", a indiqué le procureur antiterroriste, selon qui ce groupe "n'existait pas il y a quelques jours" et était "totalement inconnu des différents services de renseignements".
Ce "peut être des groupes plus radicalisés, politiques, des groupes plus liés avec la criminalité organisée" ou encore "une convergence d'objectifs et de personnes qui se manipulent les uns et les autres", a souligné M. Christen. "Tous les champs sont ouverts."
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F.Hammond--TNT