Incendies à Los Angeles: avec le vent qui se renforce, le risque de nouveaux départs de feu
Près d'une semaine après que ses collines se sont embrasées, Los Angeles voit les vents menaçant d'attiser les flammes se renforcer lundi et, avec, le risque de nouveaux départs de feu.
"Non seulement ces conditions extrêmes et dangereuses compliquent beaucoup la lutte contre les incendies en cours, mais elles rendront de nouveaux départs de feux beaucoup plus probables", alertent les services météo américains.
"Des conditions météo extrêmement propices aux feux" se développent dans la région, où des rafales soufflent déjà jusqu'à 120 km/h dans certaines zones, et elles dureront au moins jusqu'à mercredi, avertissent-ils.
"Nous allons continuer à utiliser tous les moyens dont nous disposons pour combattre les incendies", s'est engagé à la mi-journée le président Joe Biden.
Ces vents chauds et secs annoncés devraient avoir "une force proche de celle d'un ouragan", a comparé la maire de Los Angeles, Karen Bass.
Dans les quartiers ravagés, des secouristes assistés de chiens continuent d'inspecter les décombres à la recherche de corps.
- "Tous les jours, des corps" -
"C'est une tâche très éprouvante, et malheureusement, nous tombons tous les jours sur des corps", déplore le shérif du comté de Los Angeles, Robert Luna.
Les efforts déployés par des milliers de pompiers, y compris venus du Mexique voisin, ont néanmoins permis de circonscrire en partie les deux principaux incendies au cours des derniers jours.
Et les pompiers à pied d'oeuvre ont reçu des renforts humains et matériels, dont des dizaines de camions citernes, et sont prêts à faire face à la situation, ont assuré plusieurs de leurs responsables.
Tout retour des évacués a néanmoins été stoppé jusqu'à jeudi à cause du vent qui regagne en puissance, ont averti les pompiers, appelant à la patience les dizaines de milliers d'habitants faisant la queue, parfois pendant des heures, dans l'espoir de récupérer des médicaments ou des vêtements chez eux, ou tout simplement de voir si leur maison a été détruite ou non.
"Ma maison a brûlé, je le sais. J'ai vu des photos : il ne reste que la cheminée. Mais j'ai besoin de le voir de mes propres yeux pour y croire", lâche à l'AFP Fred Busche.
Dans les quartiers sinistrés où les flammes ont été éteintes, les lotissements ne sont plus que des tas de cendres et de décombres.
A Altadena, au nord de Los Angeles, une des deux zones les plus touchées, Zahrah Mihms essaie de contenir l'angoisse de son petit Ethan, 4 ans.
"J'essaie de lui faire oublier ce qui se passe et de lui dire: +Tout va bien. Notre maison a eu un petit bobo, mais on va la réparer. Tout va bien se passer"+, raconte-t-elle, encore chaussée avec les pantoufles qu'elle portait lorsqu'elle a dû en partir précipitamment à cause du feu.
Plus de 12.000 habitations, bâtiments et véhicules ont été détruits ou endommagés par les feux, qui pourraient être les plus coûteux jamais connus, selon des estimations provisoires.
- "Dizaines de milliards" -
"Ca coûtera des dizaines de milliards de dollars pour remettre Los Angeles en l'état", a estimé lundi Joe Biden.
Des centaines de milliers d'enfants ont repris le chemin de l'école lundi, ont annoncé les autorités. Les écoles sinistrées et celles dans les zones évacuées sont toutefois restées fermées.
Plus de 90.000 personnes restent concernées par un ordre d'évacuation.
L'affluence de personnes évacuées à héberger est un autre défi pour la ville californienne, et des informations font état de cas de propriétaires opportunistes ayant augmenté leur loyer.
Nombre d'habitants commencent à critiquer la gestion des autorités locales, les pompiers ayant parfois dû composer avec des bouches d'incendie à sec ou avec une faible pression.
Le gouverneur démocrate de Californie, Gavin Newsom, a demandé "un examen indépendant complet" des services de distribution d'eau de Los Angeles.
Donald Trump a une nouvelle fois attaqué dimanche les dirigeants locaux, qualifiés de "politiciens incompétents".
"J'attends avec impatience qu'il vienne ici", lui a rétorqué Gavin Newsom, qui ambitionne de lancer un "Plan Marshall" pour reconstruire la Californie.
Face aux pillages, un couvre-feu nocturne est en vigueur dans les secteurs les plus ravagés. Les autorités locales ont annoncé lundi l'inculpation de neuf personnes soupçonnées de pillage.
Les vents de Santa Ana qui ont attisé le feu sont un classique des automnes et des hivers californiens. Mais ils ont atteint cette fois une intensité inédite depuis 2011, selon les météorologues, avec des rafales allant jusqu'à 160 km/h la semaine passée.
De quoi propager le feu à la vitesse de l'éclair, d'autant que deux années très pluvieuses avaient fait naître une végétation luxuriante, qui s'est ensuite desséchée au cours de huit mois sans précipitation.
Les scientifiques rappellent régulièrement que le changement climatique augmente la fréquence des événements météorologiques extrêmes.
V.Bennett--TNT