The National Times - Crédits à Noël: entre aubaine commerciale et piège pour les consommateurs

Crédits à Noël: entre aubaine commerciale et piège pour les consommateurs


Crédits à Noël: entre aubaine commerciale et piège pour les consommateurs
Crédits à Noël: entre aubaine commerciale et piège pour les consommateurs / Photo: © AFP/Archives

A la sortie du magasin Darty de la porte de Saint-Ouen, au nord de Paris, Aline Saidani, 60 ans, affiche un sourire en demi-teinte: elle a un cadeau de Noël pour son fils, une tablette tactile achetée 189 euros, à crédit.

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"Je ne suis pas riche et je suis seule avec mon enfant. Quand il y a les fêtes, je ne vais pas le priver. On se fait plaisir et on verra quand la facture tombe", ironise l'infirmière, qui a opté pour un remboursement en plusieurs mensualités.

Comme Aline, près d'un Français sur cinq (18%) aurait recours cette année à des paiements en différé ou grâce à un crédit pour financer ses achats de Noël, selon un sondage Opinionway pour Sofinco publié en octobre.

Une manne pour les spécialistes du financement d'urgence, dont bon nombre utilisent Noël comme argument marketing pour appâter les ménages en panne de cash.

"Crédit pour Noël" affiché sur le site du spécialiste français du crédit à la consommation en ligne Younited, taux d'emprunt rabaissés pendant les fêtes et références explicites au sapin et aux cadeaux sur les sites de Carrefour Banque et Assurance et de Cofidis - la communication est soignée.

- "Taux accrocheurs" -

En cette période de fêtes, "il faut être bien vigilant sur la nature réelle des offres", met en garde Pierre de Buhren, directeur général du courtier en crédit Empruntis.

"Vous avez des taux ultra-accrocheurs: un acteur propose 2,90% pour les personnes qui voudraient emprunter entre 2.000 et 2.500 euros sur une période de 12 mois. Et si vous allez au-delà, le taux passe de 2,90 à 19,40%", observe-t-il.

"On peut être attiré par ce qui brille. Mais il faut séparer le bon grain de l'ivraie."

Selon cet expert, les taux moyens du crédit à la consommation avoisinent les 20% pour des sommes allant de 0 à 3.000 euros. Entre 3.000 et 6.000 euros, les taux sont de l'ordre de 14-15%. Pour des montants supérieurs, la norme est comprise entre 6% et 7%.

L'offre promotionnelle de Carrefour Banque et Assurance propose elle un taux d'intérêt annuel à 4,90% pour un prêt personnel de 10.000 euros minimum remboursable en trois ans.

"Il est vrai que 10.000 euros, c'est énorme pour des cadeaux de Noël. Donc là, on utilise un peu Noël pour faire une promotion sur un taux plus bas en faisant le pari du besoin de trésorerie" des clients, observe Maël Barnier, porte-parole du courtier Meilleurtaux.

Selon le baromètre de Noël de Cofidis, les Français vont allouer en moyenne 497 euros aux fêtes de Noël cette année, en baisse de 52 euros par rapport à 2023.

- Amortissable ou renouvelable ? -

Contrairement au marché du crédit immobilier, plutôt stable tout au long de l'année, celui du crédit à la consommation (environ 48 milliards d'euros par an en France, selon l'Association française des sociétés financières) gonfle au gré d'événements comme les vacances d'été, la rentrée des classes, le Black friday ou Noël.

Pour Mme Barnier, "il n'y a pas d'arnaque" sur ce marché "super scruté et réglementé" pour les sommes dépassant les 1.000 euros. En revanche, elle appelle à la prudence face aux offres de facilités de paiement proposées dans le commerce pour les petits montants.

"Quand vous êtes sur un lieu de vente et que vous dites +tiens, on va s'acheter pour Noël un écran plat+, il faut être bien conscient que le vendeur en face n'est pas un spécialiste du crédit. Donc, il peut être tenté de vous présenter un crédit renouvelable avec des taux à 14%. C'est à ce moment-là que le piège peut arriver", prévient Mme Barnier.

En-dessous de 1.000 euros empruntés, les prêteurs ne sont pas tenus d'offrir le choix entre crédit amortissable, aussi appelé classique, et le crédit renouvelable, sans échéance de remboursement rigide mais généralement plus coûteux et plus souvent source de surendettement.

S.Clarke--TNT