Énergies durables et santé, la Suisse aux urnes
Les Suisses devraient largement approuver dimanche par vote une loi sur l'électricité visant à accélérer le développement des énergies renouvelables, alors que le pays alpin vise la neutralité carbone d'ici 2050.
Ils doivent également se prononcer sur trois sujets liées à la santé, et, à Genève, sur les symboles nazis et le suicide assisté.
L'immense majorité des gens votent à l'avance par correspondance lors des votations régulièrement organisées en Suisse. Dimanche, les bureaux de vote ne seront ouverts que quelques heures avant de fermer à midi (10H00 GMT), les premiers résultats étant attendus en milieu d'après-midi.
Selon les derniers sondages publiés fin mai, 73% des Suisses soutiennent la loi relative "à un approvisionnement en électricité sûr reposant sur des énergies renouvelables".
Ce vote intervient dans un contexte particulier car il fait suite à la condamnation de la Suisse, début avril, par la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) pour son manque d'initiatives contre le réchauffement climatique.
La loi a été adoptée l'an dernier par le parlement, mais un petit groupe d'organisations environnementales estiment qu'elle conduira à un "saccage inutile de paysages" et ont lancé un référendum pour s'y opposer.
Ils craignent qu'elle se traduise par le développement accru de projets solaires, éoliens et hydroélectriques dans les montagnes suisses, et déplorent qu'elle limite les possibilités pour la population de lancer des recours contre la construction de ces installations.
- "Vision d'horreur" -
A l'origine du référendum, Pierre-Alain Bruchez considère qu'"il n'y a pas de raison de mettre des panneaux photovoltaïques sur les alpages, quand il y a tellement d'espace" sur les bâtiments et infrastructures.
Cet économiste à la retraite s'est lancé dans la bataille lorsqu'il a pris connaissance du projet Grengiols-Solar visant à installer, d'ici 2030, quelque 230.000 modules solaires à environ 2.500 mètres d'altitude dans le Valais, "une vision d'horreur" selon lui.
Le plus grand parti de Suisse, l'UDC soutient le référendum, au nom surtout de la défense du nucléaire, dont les centrales ont assuré l'an dernier 32,4% de la production totale d'électricité.
Cette formation de droite dure estime que les énergies renouvelables ne permettent pas de garantir la sécurité de l'approvisionnement électrique en raison notamment de leur caractère fluctuant.
La loi, soutenue par de grandes ONG comme le Fonds mondial pour la nature (WWF) et Greenpeace, vise à vise à augmenter rapidement la production hydraulique, éolienne et solaire, afin que le pays soit moins dépendant des importations d'électricité.
Elle prévoit que le développement de l'énergie solaire se fasse avant tout sur les toits et les façades.
Elle instaure des conditions de planification facilitées pour les éoliennes et les grandes installations solaires d'intérêt national, deux énergies qui représentent une part infirme dans la production nationale d'électricité.
- "Réserves d'oiseaux migrateurs" -
Le gouvernement reconnaît que "les recours devant les tribunaux" contre les grands projets énergétiques "auront probablement moins de chance d'aboutir qu'auparavant".
Mais il a souligné que chaque projet serait examiné au cas par cas et qu'il resterait interdit de construire de grandes installations dans "les biotopes d'importance nationale" et "les réserves d'oiseaux migrateurs", même si des exceptions sont prévues.
La loi prévoit par ailleurs la réalisation de 16 projets hydroélectriques, un secteur qui représentait l'an dernier 56,6% de la production nationale d'électricité. Il s'agit de rehaussements de barrage ou de nouvelles constructions.
Il n'est en revanche pas sûr que les Suisses approuvent dimanche deux "initiatives populaires" (propositions émanent de la société) relatives à la santé, l'une qui veut plafonner les cotisations de santé à 10% du revenu et l'autre visant à limiter les coûts de la santé.
Il est revanche assez certain qu'ils rejettent une autre proposition sur la santé qui exige que les personnes qui refusent de donner leur consentement, par exemple pour la vaccination, ne soient pas punies ou désavantagées comme ce fut le cas pendant la dernière phase de la pandémie de Covid-19.
Dans le canton de Genève, la population votera par ailleurs sur l'interdiction de l'exhibition ou le port de symboles de haine, notamment nazis, dans l'espace public.
A Genève également, les habitants devront décider s'ils abrogent une disposition empêchant les maisons de retraite médicalisées de refuser la tenue d'une assistance au suicide dans leurs locaux.
D.Kelly--TNT