Allemagne: un suspect arrêté pour l'agression de l'ex-maire de Berlin
Un homme de 74 ans a été arrêté mercredi pour l'agression de l'ancienne maire de Berlin, Franziska Giffey, figure du parti social-démocrate d'Olaf Scholz, qui a qualifié de "révoltantes" la récente série d'attaques contre des élus en Allemagne.
La multiplication des violences, insultes, menaces contre le personnel politique est devenu une préoccupation majeure dans le pays, et provoque un débat sur la pertinence de durcir les peines pour ce type de délits.
"Les attaques contre (...) des hommes et femmes politiques sont révoltantes et lâches. La violence n'a pas sa place dans le débat démocratique", a déclaré le chancelier sur son compte X.
La dernière victime en date, Franziska Giffey, actuellement ministre de l'Economie de la ville-Etat de Berlin, se trouvait mardi dans une bibliothèque du sud de la capitale lorsqu'un homme l'a frappée à la tête et au cou avec un sac lourd avant de s'enfuir.
Le suspect interpellé mercredi est connu pour des faits relevant de "la sécurité de l'Etat et de crimes de haine", a déclaré la police qui enquête sur le motif de l'attaque.
Les procureurs examinent la possibilité d'envoyer l'homme en soins psychiatriques, des éléments indiquant qu'il pourrait souffrir d'une maladie mentale.
Mme Giffey a été soignée à l'hôpital pour des douleurs à la tête. "La première frayeur passée, je peux dire que je vais bien", a-t-elle réagi.
Elle se dit en revanche "préoccupée et bouleversée par l'intensification d'une +culture sauvage+", vis-à-vis de ceux qui s'engagent en politique.
- Agressions "alarmantes" -
Plusieurs responsables politiques ont récemment été menacés ou agressés en Allemagne dans un contexte tendu de campagne électorale avant le scrutin européen du 9 juin et plusieurs élections régionales en septembre.
Mardi, les ministres de l'Intérieur des Länder sont convenus d'étudier un durcissement de la loi contre ce type de délits.
L'association allemande des juges a parlé d'attaques "alarmantes", mais mis en garde contre l'introduction de lois plus sévères tant que leur application reste "entravée par un manque important de personnel" dans les tribunaux.
Le syndicat allemand de la police (DPolG) a lui aussi réclamé un renforcement des recrutements.
Le cas le plus grave concerne un eurodéputé du parti d'Olaf Scholz, qui a été grièvement blessé la semaine dernière par quatre personnes alors qu'il collait des affiches à Dresde, en Saxe, dans l'ex-RDA communiste.
Matthias Ecke, 41 ans, a dû être opéré pour des blessures au visage. L'attaque a été dénoncée par M. Scholz comme une menace pour la démocratie.
Quatre suspects, âgés de 17 à 18 ans, sont visés par l'enquête sur ces violences.
Selon les médias allemands, ils auraient tous des liens avec un groupe d'extrême droite connu sous le nom de "Elblandrevolte", qui serait proche de l'organisation des jeunes du parti néo-nazi NPD, qui s'est rebaptisé "Die Heimat" (la Patrie).
- Salut hitlérien -
Dresde s'est distinguée par plusieurs agressions contre des élus, et un nouveau cas y a été signalé mardi soir.
Une représentante du parti écologiste de 47 ans qui collait des affiches électorales a été bousculée et menacée par un homme. Une femme s'est ensuite approchée et lui a craché au visage, a indiqué la police locale.
Deux suspects ont été arrêtés, un homme de 34 ans et une femme de 24 ans, tous deux allemands.
Ils appartenaient à un groupe qui se tenait à proximité, et dont certains avaient fait le salut hitlérien - geste interdit en Allemagne - quand l'écologiste avait commencé à coller ses affiches, selon la police.
Depuis l'agression de M. Ecke, de nombreux responsables allemands ont mis en cause la responsabilité du parti d'extrême droite AfD dans la propagation de discours de haine favorisant les violences.
L'AfD a connu une forte progression dans les sondages depuis un an, tout en étant mis en cause dans un nombre croissant de scandales.
Selon un bilan provisoire de la police, 2.790 délits ont été commis contre des responsables politiques en Allemagne en 2023, contre 1.806 l'année précédente, mais moins que les 2.840 enregistrés en 2021, année des élections législatives.
C.Stevenson--TNT