Mort d'un adolescent à Viry-Châtillon: le parquet requiert la détention pour quatre mis en cause
Le parquet a annoncé avoir requis le placement en détention de quatre des cinq jeunes déférés dimanche en vue d'une mise en examen après la mort de Shemseddine, 15 ans, à Viry-Châtillon (Essonne), tabassé pour un différend lié selon les premiers éléments de l'enquête à la sœur de deux d'entre eux.
Dans un communiqué, le procureur d'Evry, Grégoire Dulin, a indiqué que ces quatre jeunes, un majeur de 20 ans, un de ses frères et deux autres jeunes mineurs sont poursuivis pour avoir roué de coups l'adolescent jeudi après-midi, devant le collège des Sablons.
Pris en charge par les urgences et hospitalisé à l'hôpital Necker à Paris, l'adolescent est mort vendredi en fin d'après-midi des suites de ses blessures.
"Craignant pour sa réputation et celle de leur famille, ils avaient enjoint à plusieurs garçons de ne plus entrer en contact avec elle. Ils avaient ensuite appris que la victime se vantait de pouvoir librement parler avec leur sœur, n'ayant pas encore eu à subir de pression de leur part", a ajouté M. Dulin.
Les deux frères, accompagnés de deux connaissances, se sont alors rendus jeudi au collège des Sablons, où ils ont croisé "de manière fortuite" Shemseddine, selon leurs dires cités par le magistrat.
- "Extrême gravité des faits" -
Ils auraient demandé à l'adolescent de les suivre dans un hall d'immeuble pour avoir "une explication au sujet des propos qu'il tenait à l’égard de la jeune fille". "Le ton était monté et des coups avaient été portés, entraînant la chute de la victime", poursuit le procureur.
Le frère âgé de 20 ans aurait contacté les secours mais, "pour assurer leur fuite", affirme le parquet, il aurait donné "de fausses indications aux services de police en expliquant notamment qu'il avait vu plusieurs jeunes cagoulés s'enfuir à pied".
Le parquet a requis le placement en détention provisoire de ces quatre jeunes, dont trois sont connus de la justice, à cause, a-t-il dit, des "risques de concertation et de pression sur les témoins, ainsi que du trouble majeur à l'ordre public suscité par l'extrême gravité des faits".
Toujours selon le procureur, l'enquête a permis d'établir que la sœur, 15 ans, n'était pas présente au moment des faits mais "il existe des indices graves et concordants permettant de considérer qu'elle était informée des intentions de ses frères vis-à-vis de la victime".
Il a requis contre elle "une mesure éducative provisoire judiciaire avec placement dans un établissement éducatif et l'interdiction de paraître dans l'Essonne".
A Viry-Châtillon, une ville réputée calme située à une vingtaine de kilomètres au sud de Paris, l'émotion était encore vive dimanche après-midi.
- "Quartier en deuil" -
La Maison des jeunes et de la culture (MJC) la plus proche du collège des Sablons a ouvert exceptionnellement ses portes dimanche pour accueillir quelques familles du quartier venues parler au personnel, a constaté un journaliste de l'AFP.
"C'est tout un quartier qui porte le deuil. C'est difficile, il y en a qu'on a connus depuis le collège ou tout petit. On ne sait pas encore comment on va gérer ça nous mêmes", a déclaré à l'AFP Fabienne Seban, une membre de l'association Emergence dont les éducateurs travaillent dans la ville depuis plus de vingt ans.
"Il y a beaucoup d'émotion qui passe dans l'esprit des gens. Le plus important, c'est de montrer notre soutien à la famille", a souligné pour sa part le maire centriste de la ville, Jean-Marie Vilain.
"Le hasard du calendrier fait qu'on est en pleines vacances scolaires. Le collège est donc fermé. C’était important qu’il y ait un lieu pour les collégiens, les professeurs mais aussi les habitants du quartier", a ajouté l'édile.
Le décès, quatre jours après une autre agression violente qui a visé une collégienne à Montpellier, a provoqué l'émoi dans le pays.
"Nous serons intraitables contre toute forme de violence", il "faut protéger l'école de ça", a déclaré le président Emmanuel Macron, lors de la visite d'un établissement scolaire à Paris.
S.Lee--TNT